Le passeport magique. Par Amal

Dans le bus hier :

Nous sommes les seuls passagers, on est devant, et le chauffeur fort sympathique entreprend la conversation. Nous échangeons quelques banalités avant de parler de la situation catastrophique de la France. On parle de Mik Ronus, on parle de l’inflation, on parle du temps pourri, on parle de la guerre… Il était bien virulent et ponctuait souvent ses phrases par « Vive la France », d’un ton ironique. La discussion continue jusqu’au prochain arrêt qui se trouve être près d’une gare. On s’y arrête et un jeune homme d’une posture droite, habillé sobrement, monte dans le bus. Je m’attendais à le voir sortir une quelconque carte d’abonnement ou de la monnaie pour régler, eh bien, non, il a sorti un passeport. Oui, vous avez bien lu, un passeport.

Mon compagnon et moi avons reconnu le trident et l’écriture : c’était un passeport ukrainien.

Le jeune homme, après avoir montré son passeport magique, s’est dirigé au fond sans régler un penny. Le chauffeur ayant bien fait attention que le jeune soit installé au loin, nous chuchote : « Eux, par exemple, ils ont juste à nous montrer leur passeport, et on ne les fait pas payer, tralala, je vous le dis : Vive la France. »

J’ai noté que le jeune ukrainien qui cela dit parlait bien français, n’avait pas ouvert son passeport pour montrer sa photo, par contre, moi, quand je monte dans le bus, on vérifie ma photo, la validité de ma carte et la validité de mon abonnement, sinon OUT.

Voilà, mes chers lecteurs, c’est comme ça dans la Marne, aujourd’hui.

3 réflexions sur “Le passeport magique. Par Amal”

  1. Une question simple : Quelle liberté avez vous en utilisant les transports en commun ?

    Réponse : aucune!

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  2. Dans un monde normal et bienveillant, ce jeune homme n’aurait pas été soumis à l’humiliante obligation de montrer des papiers au chauffeur ; il n’aurait eu qu’à proclamer fièrement, d’une voix sonore et conquérante : « Civis ucrainicus sum. » Les passagers, sauf à vouloir passer pour d’odieux wacistes ukrainophobes, applaudissaient alors et peut-être même, pour démontrer leur inconditionnel soutien à la noble cause foutriquétiste, improvisaient une quête pour soutenir financièrement le malheureux réfugié enfin à l’abri des combats menés, dans son pays natal, contre l’abominable russursidé.

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